• Le cauchemar du matin

     

    Il ne se dissipe pas au réveil, il se reforme avec une déconcertante facilité, en agrégeant tous les éléments qui composent ce jour qui semblait nouveau. Sapant d'emblée les illusions naissantes, sabotant les projets de fuite et les itinéraires de retraite.

    Il noircit l'horizon de sa laideur et me tend sans arrêt un miroir dans lequel se reflètent mes pires souvenirs. Il m'aime et me connaît plus que mes proches. Je crois m'en délivrer en esquissant son portrait sur ma feuille, en le condamnant à demeurer à l'extérieur de moi, bien en face. Mais mes mots mêmes reforment la figure qui me hante et me sourit de toute l'assurance de sa victoire.

    Chaque soir, j'espère que des rêves plus morbides et plus cruels viendront relativiser sa puissance et son emprise. Contrebalancer l'atroce violence de la réalité et me rendre la vie plus acceptable. J'appelle ces cauchemars fraternels de mes vœux avant de m'endormir.

    Mais ils n'existent pas.


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