• Pas seulement mignons

    Ce soir, mes parents m'ont annoncé que leur chat n'avait plus que quelques jours à vivre. Mes enfants, qui y sont attachés, ont tenu à lui faire un dernier coucou par visio. Moi aussi, j'y suis attaché, 17 ans qu'il est là à chaque fois que je retourne dans la maison de mon enfance... Je n'ai plus de nouvelles du mien depuis un mois et ne me fais plus trop d'illusions. Celui d'avant n'a vécu qu'un an avant d'être fauché par une voiture, parfois je me demande pourquoi je m'obstine à continuer à vivre avec des chats alors que j'ai mal quand ils s'en vont.

     

    A la vérité, je ne me le demande pas vraiment, je le sais. Je comprends parfaitement que beaucoup trouvent ça absurde de s'émouvoir pour un animal. Ils ne savent pas toujours que beaucoup de choses se jouent autour de lui. Je n'ai que de vagues souvenirs du premier chat de mon enfance qui a disparu sans qu'on s'en aperçoive vraiment. La mort du second en revanche a été ma première expérience de deuil. J'ai pleuré pendant une semaine. Lorsque mes parents l'ont récupéré après que le vétérinaire eut essayé de le guérir d'une pleurésie virale bien avancée, ils nous ont présenté son corps inerte avant qu'on l'enterre dans le jardin.

     

    Nous savions tous qu'il y avait bien plus que sa perte qui nous émouvait. Beaucoup de souvenirs de la famille gisaient là devant nous, et nous étions en train de nous en construire un douloureux mais inoubliable. Je me souviens aussi d'avoir été saisi par le contraste entre son ancienne vitalité et son apathie toute récente. Jusque-là, les gens dont j'entendais dire qu'ils décédaient étaient des vieillards, ils n'avaient qu'un pas à faire jusqu'à la tombe. Nous comprenions à quel point la mort était puissante et pouvait terrasser. Ce que mon père tenait dans ses bras, ce n'était pas seulement le corps de notre chat, c'était aussi le symbole de la mort, celle qui ne laisse jamais tranquille et qui allait nous poursuivre toute notre vie.

     

    La brièveté de celle-ci nous frappait aussi de plein fouet. Certes ils vivent environ 7 fois moins longtemps que nous. Mais j'étais en CM2, j'avais presque dix ans, mon frère en avait six, ma sœur 11, et nous savions tous compter jusqu'à 7.

     

    Il s'appelait Zorro. C'était un nom de héros d'enfants. Il a emporté une part de nos illusions avec lui.


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