• Une "Joy" pas très communicative

    Le pitch tient en une phrase : une femme de trente-cinq ans, divorcée et dans une situation financière plus que critique, tente de se relancer grâce à l’invention d’un balai-serpillère. Le film, inspiré de la vie de Joy Mangano, parvient pourtant à nous captiver assez vite, bien aidé par l’interprétation de Jennifer Lawrence, convaincante en mère endettée prête à tout pour offrir une vie meilleure à ses enfants. Ou par celle de Robert de Niro, souvent drôle en père un peu dépassé par les évènements. Les dialogues collent parfaitement avec l’ambiance totalement atypique qui règne dans cette maison où cohabitent aussi difficilement que joyeusement le père et sa nouvelle petite amie, l’ex-mari et nouveau conseiller de Joy, la grand-mère vieillissante, la demi-sœur ou le plombier devenu le nouvel ami de la mère. On s’attacherait presque à cette famille de fous chaleureux.

     

    Tant que le mythe du rêve américain ne déborde pas le cadre du récit, il a quelque chose de séduisant, rendu crédible par les obstacles qui l’entravent, des arnaques des associés à l’intransigeance du directeur de la chaîne de télé-achat, bien campé par Bradley Cooper. Mais dès qu’il est érigé en dogme, en curseur de la réussite voire en jauge d’évaluation d’une vie, il fait perdre au film tout son charme et son intérêt. Le quart d’heure final, à force d’insister uniquement sur cet aspect, oscille entre l’irritant et le pathétique, comme lorsque l’héroïne devenue femme d’affaires influente, accueille tour à tour dans son bureau un inventeur dans le besoin à qui elle offre avec déférence une chance de réussir, puis Bradley Cooper, devenu son « ennemi en affaires » mais également son subalterne, comme le film le montre avec peu de finesse.

     

    L’histoire aurait pu s’arrêter au moment où l’héroïne se mue en véritable femme d’affaires et récupère son dû-et par là même ses chances de réussir enfin- en mettant son associé véreux face à ses responsabilités. Le film y aurait beaucoup gagné, à commencer par notre sympathie. Il récolte au contraire notre agacement. Et sa volonté de souligner ce qu’il faut penser, par le biais notamment de la voix off de la grand-mère décédée, finirait par nous faire oublier jusqu’à l’agréable impression initiale. Mais il y a pire. Loin de se contenter de son statut de simple biographie plaisante, le film cherche à la fin à s’élever tout seul au rang de grande œuvre. Il en résulte un léger sentiment de malaise renforcé par la décalage entre les émotions que l’on cherche à créer de toutes pièces chez le spectateur et l’impatience qui gagne ce dernier. Dès lors, la fin n’est plus seulement ratée, elle en devient totalement ridicule.


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