• Promesse basse

    La façon dont j'aime ma fille est parfois empreinte, comme c'était le cas pour mes deux garçons, d'une certaine tristesse. Mais elle n'est pas de même nature et n'a pas les mêmes causes. Elle ne tient plus à la fugacité de cette exclusivité que j'ai fini par apprivoiser mais à la quasi-certitude qu'aucun homme ne pourra jamais l'aimer comme je l'aime, d'une façon aussi désintéressée.

     

    Qu'on puisse l'aimer aussi passionnément, c'est sans doute possible bien que difficilement concevable. Mais qui pourra jamais respirer le parfum de ses cheveux sans le désir de la posséder ? Qui saura l'écouter avec autant d'avidité ? Quel œil pourra contempler sa beauté avec un émerveillement constamment renouvelé ?

     

    J'ai parfois l'impression, en l'aimant ainsi, de lui construire une désillusion, de confronter sa future adolescence à une « promesse de l'aube » non tenue. Et je crains que l'amour qu'elle diffuse partout autour d'elle soit parfois plus vivant dans ses peluches inanimées que dans le monde qui nous entoure.

     

     


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