• Mon fils cadet est parti une semaine en classe de neige ce matin. Ce n'est pas la première fois qu'il part seul puisqu'il a fait une colo cet été. Je le sens plus excité qu'inquiet lorsque je l'accompagne devant l'école, et lorsqu'il retrouve deux de ses meilleurs amis devant le car, c'est clairement l'impatience du voyage qui l'emporte. Je me sens plutôt serein jusqu'à ce que je croise certains regards de parents.

     

    Des regards que je connais parfaitement et qui me rappellent le déchirement que l'on ressent parfois lorsqu'on laisse ses enfants vivre sans nous pour la première fois. Lorsque, pour ainsi dire, on les lâche au monde, en sachant tout ce que cela implique de risques, de potentielles humiliations, de désillusions, d'expérimentations du mal en tout genre, de rencontres et de beaux souvenirs également, mais aussi et surtout d'apprentissage de l'autonomie.

     

    Le dilemme de parents ne se pose plus depuis longtemps mais il est là, sourd et lancinant, quelque part entre mon cœur et mon cerveau. L'abandonner à la liberté ou le protéger en l'enfermant. L'aimer jusqu'à le laisser se détacher peu à peu de moi ou l'étouffer de mon affection sirupeuse et importune.

     

    Il me fait signe lorsque le bus démarre puis m'embrasse de la main, et je suis content de le voir heureux. Mais je ne suis pas dupe : je sais très bien qu'un peu de son enfance s'en va avec lui dans ce bus et je sais aussi qu'il reviendra, bien sûr, dans une semaine, mais ce ne sera déjà plus tout à fait le même.

     

     

     


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