• Parfois, lorsque, dans un éclair de lucidité, je me souviens que je n'emporterai pas au paradis la liste des choses qu'il me reste à faire et que celle-ci n'a pas nécessairement à empiéter sur la qualité du temps que je passe avec mes enfants, il m'arrive le soir de m'allonger cinq minutes entre mes deux fils avant qu'ils s'endorment. Je sais qu'ils aiment ce moment au moins autant que moi. Mais moins réticents au bonheur que les adultes, ils ne rechigneraient pas à en faire un rituel quotidien.

     

    On se dit bonne nuit, on éteint la lumière et je ferme les yeux. Pas pour dormir mais pour saisir enfin le présent après lequel j'ai couru toute la journée, toute la vie. Enfin j'ai conscience de la valeur d'un moment, même si j'ai encore besoin d'en anticiper la fugacité pour l'apprécier complètement. Leur souffle, c'est ma respiration, leur quiétude ma raison d'être père. Il y a tout dans ce moment : le plaisir de l'instant mais aussi le sentiment du devoir accompli. Malgré tout ce que je rate, tout ce dont je m'accuse, je leur aurai offert au moins ça.

      

    On dit parfois que les siestes de cinq minutes sont les plus réparatrices. C'est parce qu'on ne teste pas assez souvent leur équivalent en rêverie.


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